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Principe de précaution La France l'arme au pied

La grippe aviaire est sous surveillance sur l'ensemble du territoire français afin d'intervenir dans les meilleurs délais et de maîtriser la situation si un foyer se déclarait.

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Ce n'est pas parce que le ministre de l'Agriculture a décidé, le 25 octobre, d'« un confinement des élevages de plein air » dans vingt et un départements (1) jusqu'au premier décembre qu'il y a péril en la demeure ! Comme il l'a lui même dit, il ne s'agit que de précautions. D'ailleurs, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), dans son avis du 21 octobre, n'a pas jugé cette mesure utile. Elle estime toujours que le risque de contamination des élevages français par des oiseaux migrateurs comme négligeable.

Il n'empêche que les pouvoirs publics pensent qu'il est inutile de jouer avec le feu. Les consommateurs français boudent déjà la viande de volailles, alors pas la peine d'ajouter un foyer de peste aviaire qui se solderait immanquablement par une fermeture des marchés export de la filière française. Côté économique toujours, le ministre a demandé un cofinancement à Bruxelles pour soutenir la filière avicole, et notamment l'accompagnement des mesures de confinement. Dans ce dernier cas, il a demandé des dérogations pour éviter le déclassement des animaux produits sous signe officiel de qualité. Sont également rendues obligatoires sur l'ensemble du territoire les mesures protectrices applicables depuis la fin août afin que les oiseaux ne soient pas nourris et abreuvés en plein air et que les eaux superficielles ne soient pas utilisées pour l'abreuvement et le nettoyage des bâtiments.

Une maladie surveillée tous les ans

Sur le terrain, tous les acteurs sont aux aguets. Un peu plus que d'habitude peut-être, mais la lutte contre les épizooties est un travail quotidien. Il n'est pas lié à l'apparition du virus en Europe de l'Est. « Tous les ans, nous réunissons les vétérinaires sanitaires pour les informer sur les maladies réglementées comme la peste aviaire, et définir leur rôle dans la détection et le signalement de ces pathologies », indique la Direction départementale des services vétérinaires (DDSV) de la Sarthe. Les aviculteurs sont aussi au premier rang. Ce sont eux qui constatent les premiers symptômes et informent leur vétérinaire. Tout traitement d'une pathologie qui semble inefficace mérite d'être signalé.

Il existe aussi un plan de surveillance sérologique mis en place en 2003 par la Direction générale de l'alimentation, à la demande des autorités communautaires. Chaque année, les DDSV mènent l'enquête à l'échelle nationale en élevage et dans les abattoirs. « En 2004, nous avons réalisé des prélèvements dans soixante-quinze élevages, rappelle la DDSV de la Sarthe. Cette année, nous en effectuerons dans quatre-vingt-douze. » Aucun foyer n'a été mis en évidence. Les DDSV gèrent des suspicions tous les ans, mais finalement sans jamais observer de symptômes ni trouver le virus de l'influenza aviaire.

Un exercice grandeur nature

La prévention est aussi ce qui conduira les autorités à réaliser un exercice de simulation en Bretagne les 3 et 4 novembre prochains. Ces grandes manoeuvres sont prévues de longue date dans le cadre de la maîtrise des risques sanitaires et économiques liés à l'élevage intensif du Plan stratégique de l'Etat en Bretagne (Paser). La préfecture de région testera donc grandeur nature le plan d'urgence prévu en cas de suspicion d'un foyer de peste aviaire : un plan comme il en existe pour les autres maladies réglementées telles que la fièvre aphteuse et qui a fait ses preuves lors des derniers foyers en France. Il s'agit, dans le cas présent, d'évaluer le volet santé animale en tenant compte des aspects santé publique pour les personnes intervenant sur l'élevage mais en aucun cas de tester la contamination à l'homme.

L'action se déroulera chez un aviculteur finistérien élevant 60 000 poulets de chair. Ce dernier suspectant la contamination de certaines de ses volailles par le virus, alertera sa DDSV qui mettra en route la machine. Des prélèvements pour analyses seront effectués. Simultanément, les autorités installeront alors un périmètre de protection rapproché d'un rayon de 3 km autour de l'exploitation, avec contrôles de gendarmerie aux accès et la mise en place de rotoluves. Une seconde zone de surveillance sera mise en place 10 km autour de l'élevage. Elle touchera les départements limitrophes du Morbihan et des Côtes-d'Armor. Seront testées les opérations d'enlèvement des animaux, de désinfection des poulaillers et des personnes. Les opérations d'abattage par euthanasie ne seront que simulées car elles ont déjà fait l'objet de tests dans le cadre d'exercices antérieurs. Quant à l'enquête épidémiologique, elle permettra d'identifier les élevages en lien avec l'exploitation finistérienne. L'objectif de cet exercice est bien de tester grandeur nature le plan d'urgence imaginé afin de voir où des problèmes peuvent survenir. Et de les éviter si un foyer cette fois bien réel était suspecté. En espérant que cela ne soit jamais le cas !

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(1) Les départements concernés sont l'Ain, l'Aube, les Bouches-du-Rhône, la Charente-Maritime, la Haute-Corse, le Gard, la Gironde, l'Ille-et-Vilaine, l'Indre, les Landes, la Loire-Atlantique, la Manche, la Marne, la Haute-Marne, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin, la Seine-Maritime, la Somme et la Vendée.

 

Questions à LOUIS ORENGA, directeur du Centre d'information des viandes

« Baisse de consommation : rien à voir avec la crise de la vache folle »

L'expérience acquise avec l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine) peut-elle servir à enrayer la chute de consommation des produits avicoles ?

Cela peut paraître surprenant, mais je répondrai non. A chaque crise, nous nous retrouvons devant une feuille blanche : c'était ainsi lors de la seconde crise de la vache folle, malgré le premier épisode déjà traversé. Et scientifiquement, il n'y a rien de commun entre l'ESB et la grippe aviaire. Par exemple, le prion était inconnu alors qu'il n'y a rien de plus banal qu'un virus. Le seul point commun entre ces deux crises qui touchent des produits alimentaires, c'est la posture à adopter.

Que faire pour rassurer le consommateur ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, rien ! Rassurer, c'est jouer sur l'affectif pour donner envie de consommer. Or, nous ne sommes pas du tout dans le cadre d'une campagne promotionnelle de la viande de volailles. Jouer sur l'image du produit serait prendre un gros risque. En ce moment, le consommateur reçoit une trop grande masse d'informations qu'il n'a pas le temps de digérer. Et il n'a pas de repères clairs pour différencier le risque théorique de pandémie humaine, de l'épizootie animale et du risque alimentaire. Ce dont il a besoin, c'est d'un matelas d'informations rationnelles.

Pourquoi ?

Il y a un moment où ce discours rationnel n'est pas compatible avec l'état d'esprit du consommateur. Car quand il sort de l'irrationnel, le consommateur se réfère à des groupes d'opinion comme les associations de parents d'élèves. Il ne faut pas qu'à ce moment-là, il perçoive une différence entre les sources d'information. Sinon, on s'enfonce dans la crise. Rester très pragmatique et à l'écoute de ce que renvoie le consommateur est indispensable pour adapter son message. Parce qu'il y a parfois un océan entre ce que l'on dit et ce qui est compris !

 

 

Chasse : interdiction des appelants

Le 25 octobre, Nelly Olin, la ministre de l'Ecologie et du Développement durable, a interdit le transport et l'emploi d'appelants pour la chasse des oiseaux de passage et du gibier d'eau. Les espèces concernées sont les oies, les canards de surface, les canards plongeurs, la foulque macroule et le vanneau huppé. La mesure s'applique jusqu'au 1er décembre 2005 sur tout le territoire national.

 

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